vendredi 2 mars 2007

Etre rentable en respectant la Nature


26 juillet 2006
Le "nouveau riz pour l'Afrique", 12 ans après sa création
par Judit Revesz (HQ NY)12 ans après qu’un grain de riz africain ait été pour la première fois croisé avec un riz asiatique, l’initiative NERICA ou « New Rice for Africa » (« du riz nouveau pour l’Afrique ») continue de porter ses fruits. En 2005, quelque 18 variétés de ce riz hybride ont été fournies aux producteurs de riz en Afrique sub-saharienne. Invention de l’Association pour le développement du riz africain (West Africa Rice Development Association ou WARDA) basée au Bénin, l’initiative NERICA bénéficie de l’appui du PNUD et d’autres partenaires tenant à défendre une solution véritablement locale.
Nourriture de base dans toute la région, la production de riz en Afrique sub-saharienne n’a pas suivi la croissance rapide de la population au milieu des années 90. Les importations de riz qui en ont découlé grevaient les réserves étrangères de la coquette somme de 1 milliard de dollars par an. Pire encore, la plupart des producteurs de riz ont été confrontés au choix peu enviable entre des variétés à haut rendement mal adaptées aux conditions africaines (le riz asiatique) et un riz bien adapté mais à faible production (le riz africain).
Face à ces problèmes, la WARDA désirait vivement mettre au point une nouvelle espèce de riz qui combinerait les meilleurs éléments des espèces africaines et asiatiques. La WARDA a réussi à créer une telle race hybride en 1994 et a immédiatement entrepris de remporter un appui pour cette percée scientifique. Le gouvernement japonais a tout de suite manifesté son soutien, acheminant son aide par l’intermédiaire du PNUD.
Le rôle du PNUD, indique Kae Yanagisawa, Conseiller principal à la coopération Sud-Sud, a été double.
« En premier lieu, le PNUD a suscité un large appui en organisant des séminaires sur NERICA et en convainquant d’autres partenaires de se joindre à l’initiative, explique-t-elle. L’équipe a organisé plusieurs manifestations de dégustation de ce nouveau riz dans les capitales mondiales comme New York, Tokyo et Johannesburg en présence d’un certain nombre d’invités de premier plan ainsi que des producteurs de riz. Des voyages de presse ont également été organisés en Côte-d’Ivoire et en Guinée, montrant l’impact de NERICA et du travail du PNUD dans cette initiative.
L’appui du PNUD s’est également manifesté par la fourniture d’un cadre de diffusion des résultats des recherches parmi les agriculteurs et le public en général. Mme Yanagisawa souligne que, en tant qu’institution de recherche, la WARDA a besoin d’être aidée pour pouvoir atteindre les agriculteurs. A cette fin, le PNUD a proposé un nouveau mécanisme, l’Initiative sur le riz africain (« African Rice Initiative »), pour combler le fossé entre la recherche et la diffusion des résultats de celle-ci.
Les résultats de cette initiative conjointe ont été stupéfiants. Le riz NERICA, à haut rendement, résistant à la sécheresse et riche en protéines, a contribué de manière significative à la sécurité alimentaire et à l’amélioration de la nutrition dans les pays où il est cultivé. Une nouvelle sélection de graines incorporant l’expertise agricole des autochtones a permis de réduire de moitié le temps exigé pour assurer les autorisations gouvernementales concernant l’utilisation de ces nouvelles variétés. Le plus forte production de NERICA se trouve en Guinée, en Côte-d’Ivoire et en Ouganda, le Mali, le Togo, le Nigeria, le Congo Brazzaville, la République démocratique du Congo et le Kenya connaissant pour leur part une croissance de leur production.
Les nombreux avantages du riz NERICA l’ont rendu populaire chez les agriculteurs. Beaucoup ont remarqué que, pour la première fois, ils étaient en mesure de produire suffisamment de riz pour nourrir leurs familles et réaliser un profit au marché. La diversification dans d’autres produits est devenue une réalité pour beaucoup, et des commodités longtemps désirées comme la tuyauterie intérieure, la literie et les téléphones mobiles ont été rendues accessibles grâce aux revenus apportés par le riz NERICA. Certains agriculteurs sont en effet désormais confrontés à des nouveaux problèmes, moins difficiles, tels que trouver la meilleure manière de transporter leur abondante récolte et quoi faire après la retraite.
Le modèle de partenariat novateur de la WARDA, notamment avec les programmes nationaux d’Afrique de l’Ouest arrangés par l’intermédiaire du Réseau pour la recherche et le développement sur le riz pour l’Afrique de l’Ouest et centrale (Rice Research and Development Network for West and Central Africa) a récemment mené à une autre percée : la mise au point d’une nouvelle génération de variétés de riz NERICA adaptées à la culture du riz en plaine. Etant donné leur fort potentiel, les riz de plaine NERICA doivent avoir un impact encore plus important que les variétés de NERICA d’altitude ne l’ont eu jusqu’à maintenant. Un programme de culture a été lancé, qui s’attache à croiser des variétés spécifiques de riz africain connus pour leur résistance aux conditions des collines avec des variétés de riz asiatique appropriées. Le scientifique de la WARDA qui a mené ces recherches, le Docteur Moussa Sie, a récemment accepté le Prix international du Riz Koshihikari de Fukui au Japon.
Etape suivante sur l’agenda NERICA : mettre en place et gérer un système de contrôle et d’évaluation permettant de suivre la diffusion du riz NERICA et son impact sur les moyens d’existence des agriculteurs.

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